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Photo du rédacteurOryx Voyages

Le parc culturel du Tassili, un trésor d'art préhistorique trop peu connu

Surnommée le "plus grand musée d'art préhistorique du monde", cette vaste étendue peu connue des touristes abrite des merveilles naturelles et artistiques qui témoignent du passage de civilisations anciennes dans le désert de l'Algérie.


Le parc culturel du Tassili
Le parc culturel du Tassili, site du Sahara algérien inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, abrite de nombreuses dunes et formations rocheuses de grès. La région constitue l'une des plus grandes concentrations d'art rupestre ancien au monde.

Bien qu’il s’agisse du plus grand parc national d’Afrique, peu de touristes connaissent l’existence du parc culturel du Tassili. Situé dans le sud-est de l’Algérie, ce dernier abrite les vestiges d’un vaste plateau principalement composé de grès précambrien, et s’étend sur 72 000 kilomètres carrés dans le Sahara central, à la frontière de la Libye et du Niger.


La région est une merveille géologique riche de formations rocheuses étranges bordées de dunes orangées. L’éternité d’érosion qu’a connue ce site a aiguisé son grès pour en faire des pics majestueux, creusé des ouvertures à travers ses hauts escarpements, et sculpté ses affleurements en formes surréalistes et zoomorphes. Le parc contiendrait à lui seul plus de 300 arches naturelles.


Ces étendues de rochers ne représentent cependant qu’une petite partie de l’histoire de cet espace. En effet, la majesté du Tassili ne réside pas uniquement dans la splendeur visuelle de son patrimoine naturel, mais aussi dans les traces que les générations passées ont laissées sur leur passage.

 

gravures d'un éléphant
Ce rocher pyramidal, qui se trouve à Boumédiène, présente des gravures d'un éléphant et de figures humaines. Des artistes du Néolithique auraient créé ces pétroglyphes à l'aide de coups répétés sur un disque de pierre.

UN MUSÉE D’ART PRÉHISTORIQUE

La Tadrart Rouge est accessible grâce à des tours en 4x4 au départ de la ville-oasis de Djanet, située à 2 h 30 de vol d’Alger. C'est l’une des plus belles régions du Tassili.

Les guides qui dirigent les excursions (qui sont toujours des membres de la tribu nomade des Touaregs) connaissant les meilleurs endroits où s’arrêter, les visiteurs ont souvent la chance de découvrir les gravures et peintures anciennes qui décorent la roche du parc culturel.

L’archéologue français Henri Lhote, connu pour avoir documenté une grande partie des 15 000 œuvres d’art rupestre du Tassili dans les années 1950, un travail depuis considéré comme un pillage et une dégradation du site dans le contexte de la colonisation de l’Algérie, qualifiait la région de « plus grand musée d’art préhistorique du monde ».

Ces galeries en plein air constituent un témoignage ethnologique du passage des nombreux peuples qui sont venus s’installer dans la région au fil des millénaires. Étonnamment, la plupart des pétroglyphes les plus importants et les plus réussis représentent de grands mammifères plus communément associés à l’Afrique subsaharienne, tels que des éléphants, des girafes, des rhinocéros et des hippopotames, ce qui vient attester des paysages verts que contenait le Tassili au moment de leur réalisation.


La vache qui pleure
« La vache qui pleure », une célèbre gravure ancienne réalisée sur une paroi rocheuse située entre Djanet et la Tadrart Rouge. Selon la légende locale, le troupeau représenterait le désespoir des bergers de la région lorsque la « période humide africaine » a pris fin et que le « Sahara vert » s'est transformé en une terre aride et poussiéreuse.

L’ÉPOQUE DU « SAHARA VERT »

L’ampleur de cette érosion, en particulier dans les ravins profonds du nord de la région, indique que des cours d'eau traversaient autrefois ce qui est devenu la nature sauvage et aride du Tassili.

Selon les paléoclimatologues, il y a entre 11,7 et 5,5 milliers d’années, des changements dans l’inclinaison et l’orbite de la Terre par rapport au Soleil auraient provoqué un réchauffement de l’hémisphère nord. Au cours de cette « période humide africaine », les moussons d’été, qui étaient plus longues et plus intenses, ont rempli les bassins géologiques de lacs et de zones humides. De grands fleuves reliaient ainsi l’Atlantique au littoral méditerranéen du Maghreb, et de grands mammifères parcouraient ces immenses prairies.


L’ART DU CHANGEMENT

L’art rupestre du Tassili témoigne des changements climatiques qui ont suivi, et alors que les conditions météorologiques de la région changeaient au fil des millénaires, la société humaine poursuivait elle aussi sa propre évolution. Plusieurs surplombs présentent des illustrations naturalistes détaillées de bovins pie (ou bicolores), rappelant la transition de la chasse et de la cueillette au pastoralisme mobile. La plupart des œuvres qui subsistent de cette période dite « bovidienne » sont peintes avec du carmin, une couleur obtenue par le mélange de pierres broyées et de sang de vache.

Une exception figure toutefois parmi les œuvres d’art les plus célèbres de la région. Sur un affleurement isolé, près de la route qui relie aujourd’hui Djanet à la frontière libyenne, se trouve une gravure rupestre sculptée par un maître artisan, connue sous le nom de La vache qui pleure. Les têtes des vaches représentées sont tournées vers le spectateur, et une grosse larme coule sous l’un des yeux de chacune d’entre elles. Bien que cette œuvre ait donné lieu à de nombreuses interprétations, la légende locale veut que le troupeau représente l’inquiétude des éleveurs face au tarissement des pluies et au recul de la végétation sahélienne qui, pendant des millénaires, avait permis aux grands mammifères de prospérer dans la région.

Les vaches en pleurs constituent un avant-goût ancien du présent aride que connaît désormais le Sahara. Cette ère de fertilité ayant été remplacée par une ère de poussière, les élégants glyphes ont par la suite cédé leur place à des griffonnages de chameaux, attestant du passage des populations qui vivaient désormais en mouvement.

Au cours des dernières décennies, l’instabilité dans la région, notamment sous la forme de conflits civils en Libye et au Niger, a interdit l’accès à une grande partie du parc culturel. Du fait de son immensité, l’étendue de nature sauvage est hors de portée des patrouilles militaires algériennes.

Bien que la Tadrart Rouge constitue son propre monde au beau milieu de l’Algérie, une part non négligeable de l’art rupestre du Tassili, et des paysages étonnants qui l’ont autrefois abrité, a disparu au fil des millénaires.

 

CE QU’IL FAUT SAVOIR

Les tours organisés dans le Tassili durent généralement entre 5 et 7 jours. Les guides touaregs viennent chercher les visiteurs directement à l’aéroport de Djanet, puis prennent la route vers la Tadrart Rouge.

Les équipes sont composées d’un guide, d’un chauffeur et d’un cuisinier, et sont dotées de matériel de camping, de nourriture et d’eau. Le circuit de 6 jours organisé par Oryx Voyage coûte environ 800 euros par personne, vols intérieurs compris.


Si vous avez plus de temps, profitez-en pour combiner votre voyage au Tassili avec une visite de l’autre grande merveille du Sahara algérien : le parc culturel de l’Ahaggar. Les extraordinaires reliefs volcaniques qu’il abrite sont accessibles depuis la commune de Tamanrasset, qui se trouve à 45 minutes de vol à l’ouest de Djanet.



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